« Ne permettez plus que les leaders politiques abusent de notre peuple et le manipulent au gré de leurs intérêts égoïstes », déclare le cardinal Robert Sarah, préfet émérite de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, dans une lettre datée du 18 septembre 2021 adressée au colonel Mamady Dombouya.
Le 5 septembre dernier, prenant la tête d’un putsch militaire, le colonel Mamady Dombouya a arrêté et déposé le président Alpha Condé, en poste depuis 11 onze ans. Depuis le 17 septembre, il est devenu, sur décision de la junte militaire, le nouveau président de la Guinée.
Le cardinal Sarah, premier et seul cardinal du pays d’Afrique de l’Ouest, a mis en garde le nouveau chef de l’État contre le risque de voir l’histoire se répéter. Il a plaidé dans un long courrier pour qu’il favorise « une nouvelle génération de leaders politiques » au service du peuple.
Guérir et réconcilier avant de voter
Il l’a aussi mis en garde contre les « prédateurs invétérés » qui ont parasités les gouvernements précédents, citant les présidents Sekou Touré – contre lequel il s’était levé lorsqu’il était archevêque de Conakry – ou le président déchu Alpha Condé. Il lui a demandé de traiter ce dernier « dignement » et de le « libérer le plus vite que possible ».
Considérant que la situation n’est pas propice à une élection, le haut prélat a demandé au nouveau président de résister aux « intérêts inavoués » qui veulent hâter les scrutins présidentiels mais de poser en premier lieu les « fondations d’une économie solide, d’une société unie, solidaire ». Il a exhorté à ne pas exciter les tension entre ethnies et entre régions, ainsi qu’à empêcher le « cloisonnement » de la population derrière des partis politiques.
Appel au peuple de Guinée
Le haut prélat guinéen a aussi tenu à rappeler la situation catastrophique que connait son pays : « faillite » de l’éducation, « déplorable dégradation » de la santé, infrastructures routières « catastrophiques », corruption endémique…
Le cardinal Sarah a enfin exhorté les Guinéens à « accepter de se donner la main » et à consentir à « tous les sacrifices nécessaires afin de sortir la Guinée de la catastrophe économique et des fractures sociales ». « Votre bonheur, c’est vous qui le construisez par votre travail et vos efforts quotidiens », a-t-il insisté.
CD - Rome